dimanche 12 février 2023

Parc du château de Chantore, le 12 février 2023

 

  Chantore, c’est  le succès assuré ! 34 participants... Le soleil, les premiers chanteurs et surtout le magnifique parc riche de ses vieux arbres et de ses plans d’eau. Nous avons choisi de nous séparer en deux groupes. Je peux témoigner de « mon » parcours. 

Le rouge gorge et surtout la grive musicienne entament le concert. Le chant de la grive est facile à repérer : un motif répété 3 fois (en général), puis un autre motif, etc... Quelle imagination !  Nous avons pris le temps de repérer les premières strophes hésitantes du pinson des arbres. D’ailleurs aucun des pinsons n’est allé au bout du chant complet ! 

Le héron cendré en chasse
 

Plus facile, nous entendrons la mésange charbonnière. Signe de grande qualité du boisement âgé, la sittelle torchepot et la mésange nonnette chantent aussi ; ce sont des espèces devenues très rares en bocage depuis les années 1970 : le remembrement a supprimé de telles longueurs de haies que les espèces les plus forestières ont disparu de notre bocage. Le parc est riche de nombreux vieux arbres : les écorces, les branches mortes, les cavités dont celles creusées par le pic épeiche (où nichent les mésanges) sont propices à la vie de ces oiseaux des forêts. Le plus discret que nous entendons chanter sera le grimpereau des jardins. Mais nous ne le verrons pas... 

Le même, en vol

Plaisir fugace, une bande de mésanges à longue queue circule entre les branches, plus difficiles à voir que le héron statique qui chasse dans la grande prairie extérieure en aval. S’il fallait citer deux mesures de gestion riches de potentialités pour la vie sauvage, ce seraient les souches, les chandelles d’arbres et les troncs morts laissés au sol d’une part, la prairie fleurie extensive du verger d’autre part. Là, abeilles et papillons trouvent leur bonheur en été : sans engrais, le sol pauvre est favorable aux plantes à  fleurs riches en pollen et nectar (les centaurées en particulier). 

Les mammifères sauvages sont bien présents aussi : le lièvre décampe à notre arrivée dans le verger, les chevreuils aussi, le blaireau signe son passage de ses « latrines », l’écureuil a construit la boule de son nid de branches feuillées bien haut dans un arbre (et apprécie les noix laissées sur place).  

Un nid d'écureuil
 

Le second groupe a abordé le parc par l'autre côté. L'un des intérêts du parc de Chantore, outre son aspect paysager, se trouve dans la variété des milieux présentés.


 La partie boisée présente des arbres d'âge différent, dont un impressionnant châtaignier. Nous y avons rencontré les mésanges bleues et charbonnières, le merle noir et la grive musicienne. La belle lumière encourage les oiseaux à chanter. Nous prenons le temps de regarder le grimpereau des jardins sur les pierres de la citerne, puis la sittelle torchepot, qui est un bon indicateur de la qualité du boisement : elle est en effet plus exigeante que le grimpereau sur le nombre et l'âge des arbres de son territoire. Le pic épeiche et l'écureuil roux fréquentent le même secteur. Ce dernier a installé à plusieurs endroits, haut perchés, ses nids de rameaux feuillus.

Une loge du pic noir

Au carrefour des chemins, des trous ovales sur des troncs de hêtres marquent l'entrée des loges du pic noir. C'est le plus grand des pics français, et un nouvel arrivé dans la région. Ce forestier en expansion vers l'ouest de la France possède un très grand territoire, dont le parc du château fait visiblement partie.
 Enfin, nous profitons d'une longue observation d'un roitelet à triple bandeau. Rapide, nerveux même, il passe d'un buisson de houx à un arbre couvert de lierre, s'arrêtant une demi-seconde sur un arbre dénudé. Pas facile de le voir aux jumelles tellement il bouge, mais il reste longtemps près de nous.
Les prairies. Entretenues par des chevaux ou par la tondeuse, elles sont fréquentées aujourd'hui par des chevreuils, un héron cendré, des corneilles noires, des merles noirs.

2 chevreuils au pied du château (cliquez pour agrandir)

Le vallon est plus paysager : bambous, rhododendrons, cyprès chauves se mêlent aux noisetiers ! La présence de l'eau (ruisseau, bassins, étang) attire la bergeronnette des ruisseaux.

La bergeronnette des ruisseaux

 Tout à coup, les pinsons et mésanges se taisent, puis la mésange bleue alarme. C'est le signe du probable passage d'un épervier, trop furtif pour nous, mais que tous les passereaux ont bien repéré. Après quelques minutes silencieuses, c'est le pinson des arbres qui le premier reprendra sa ritournelle printanière : le danger est passé !
Les abords du château, enfin, nous permettent de regrouper nos deux équipes. Nous faisons le bilan avec le voisinage bavard de chardonnerets.

Bilan avec les deux groupes

Le parc du château de Chantore fait partie des refuges de nature du Groupe Ornithologique Normand. Pour intégrer ce réseau, il vous suffit de joindre le secrétariat de notre association. Vous pourrez alors bénéficier des visites régulières d'un ornithologue et souvent même de conseils de gestion.

Merci à Bernard et Iñaki pour leur accueil.


Chardonneret élégant


Un peu à part ... à la question posée : "Comment donner un avis (les 5 étoiles) sur le château et son parc ?", voici un lien utile. Il faut un compte Google.

 

Texte : Jean Collette, Thierry Grandguillot

Photos : Claude Ruault, Thierry Grandguillot