dimanche 21 février 2016

Bellefontaine

Sortie à la Fermette à BELLEFONTAINE 

    Nous étions 28 à venir découvrir le beau site de la Fermette, partagés entre deux objectifs complémentaires : un coup d’œil (ou d’oreille) aux oiseaux et une introduction au jardin pédagogique en cours d’installation.
    Après le bon accueil des maitres des lieux  (boissons chaudes et croissants), nous avons d’abord accompagné Michel posant un nichoir dans un pommier afin de satisfaire la curiosité professionnelle de la correspondante de presse présente. Ce nichoir destiné à la mésange bleue respecte un maximum de conditions favorables à la réussite de l’installation d’un couple : diamètre du trou (28 mm), orientation vers le S ou SE, bois piqueté à l’intérieur pour une meilleure prise de griffes, orifice extérieur cerclé de métal (découpé dans une boite de conserve) pour éviter l’attaque du pic épeiche – ou de l’écureuil - , garniture intérieure de sciure...). D’autres nichoirs sont déjà posés à l’intention de la chouette effraie et du faucon crécerelle. Tous ces prédateurs jouent un rôle non négligeable dans la maitrise des déprédateurs des récoltes (ici les légumes en particulier). Cette recherche d’accompagnement par les auxiliaires est particulièrement cohérente dans le cadre de l’agriculture biologique pratiquée sur le site de la Fermette.

La présentation du nichoir.

    Avant de commencer la visite, une caractéristique majeure du site a été rappelée : avec une longueur de haie de 187 m/ha, la fermette a conservé un caractère essentiel du bocage des années 1950 : le maillage de haies d’avant remembrement était le gage d’une grande richesse naturelle (Actuellement, le linéaire est plutôt proche de 50 m/ha sur les fermes locales pratiquant une agriculture intensive). Pour les passereaux des haies, il y a quasi proportionnalité entre la densité des couples nicheurs et la longueur de haies (voir document de synthèse en fin de résumé.) Par exemple à Barenton, entre 1973 et 1977, un échantillon de 20 ha perd 66 % de sa longueur de talus boisés. Parallèlement, la population de passereaux régresse de 61 % : disparition de la mésange à longue queue, de la fauvette à tête noire, de la sittelle, etc)

Plan du site (clic pour agrandir)

    Le circuit de découverte des oiseaux a été réduit vu le crachin tenace qui a peu à peu rendu les oiseaux muets... La copie du plan des relevés est donnée en annexe. Les moineaux domestiques squattent le toit des bâtiments. Le roitelet huppé chante dans le secteur des résineux, mais sa tonalité très aigue ne rend pas la détection aisée. D’autres chanteurs épars sont entendus plus ou moins loin : la grive musicienne et ses strophes répétées, le rouge-gorge, le pinson... Trois mésanges bleues se querellent, le temps des territoires est venu, il n’y a place que pour deux oiseaux ! Le pigeon ramier a posé l’an dernier son nid de branchettes sur un noisetier enlacé de chèvrefeuille. Le vol de deux oies sauvages (vers le nord) est passé inaperçu : elles n’ont pas crié, l’espèce précise restera donc inconnue. On dira que la migration de remontée vers les lieux de nidification du nord de l’Europe a commencé...

    Pour mémoire, deux chiffres extraits des commentaires :
l’élevage d’une nichée de mésanges nécessite l’apport de plus de 10 000 proies.
Pour maintenir la température de son corps (43°C), une mésange doit consommer une importante quantité de proies. Rapporté à la taille de l’homme, celui-ci devrait consommer 140 kg de viande par jour !

Jean Collette

Voici deux documents aidant à comprendre l'intérêt du maintien d'un bocage en sud-Manche :




Petit historique du Refuge de la Fermette (Bellefontaine 50520)

    Peut-être écoutez-vous le midi sur France-inter l'émission de Philippe Bertrand « Carnets
de campagne » ? Le 6 janvier la Fermette de Bellefontaine était à l'honneur.
    Il y a 5 ans un groupe de jeunes s'est installé là et a acheté 3 maisons individuellement, et 7 hectares en commun. Une SCI a été créée à cette occasion, mais auparavant il avait fallu convaincre les vendeurs : l'ancienne Communauté de communes de Juvigny-le-Tertre. Depuis, ce groupe dynamique composé d'un maraîcher bio, d'une « chiffonnière » (couturière), d'un céramiste et d'un boulanger bio, s'est fait accepter par la population.
    Un comité d'animation à but non lucratif, le CRAC : collectif rural agricole et culturel, a organisé des spectacles et des portes ouvertes, le groupe s'est inséré au mieux dans la vie de ce village touristique, et la fermette est devenue un lieu d'innovation sociale très observé dans le Mortainais.
    La création d'un refuge du GONm et plusieurs sorties ornithologiques ont montré la motivation des habitants du lieu pour préserver leur environnement : un vallon perché au fond de la vallée de la Sée, dans un écrin de bocage de hêtres.
    Anthony, le maraîcher, avait le projet de donner des cours de jardinage biologique, deux adhérents locaux du GONm lui ont proposé de l'aider pour mettre en place des stages. Au printemps, un jardin pédagogique, largement inspiré de la permaculture, sera prêt : jardin mandala, spirale aromatique, jardin Gertrud Frank en lignes associées, serre en bambous, couches chaude et froide, silo à compost, toilettes sèches... Ce jardin mulché, sans retournement du sol, présentera un maximum de cultures associées, fleurs et légumes. Une dynamique s'est mise en place autour du projet et c'est maintenant une douzaine de personnes qui y travaillent autour d'Anthony.
    Dimanche 21 février, une sortie ornithologique, animée par Jean Collette, s'est tenue pour fêter la pose de plusieurs nichoirs pour chouette effraie, faucon crécerelle et mésanges. Voilà un jardin qui devrait profiter d'un bon « coup de main » de la gent ailée pour lutter contre les ravageurs des cultures ! Ça bouge à la Fermette !
    Vous pourrez trouver les produits de la Fermette au magasin du terroir à Sourdeval, ou à la Fermette le lundi et le jeudi à partir de 16 h.
    Pour tous renseignements sur les stages :
armelle@wanadoo.fr
tél : 02 33 59 75 10
site : ateliersdelafermette.free.fr
Stages le 28/29 mai, le 25/26 juin, le 29/30 juillet, le 24/25 septembre
Ces stages sont ouverts aux débutants ou aux jardiniers plus confirmés, adultes ou enfants
accompagnés
Coût 150 euros le WE, gîte communal à proximité.

dimanche 7 février 2016

Le Grouin du Sud


    Après deux animations très proches d'Avranches, nous sommes aujourd'hui en bord de mer, au Grouin du Sud, sur la commune de Vains. Avec 23 participants, il faut se partager les lunettes pour que chacun puisse voir les oiseaux les plus éloignés.


    A proximité du parking, un champ bordé de quelques lignes d'arbustes est fréquenté par une grosse troupe de linottes. Elles volent en groupe, se posent dans la végétation à la recherche de graines d'adventices, retournent se mettre en sécurité dans les buissons ...

    En vol, nous les reconnaissons à leurs cris, à leur vol irrégulier. Aux jumelles nous voyons les parties blanches sur les ailes, visibles sur cette photo, leur queue échancrée. La troupe d'environ 80 linottes se partage souvent en plusieurs groupes.
Le rougegorge chante, l'accenteur mouchet crie, la corneille noire passe, des pies bavardes les suivent.

    Nous rejoignons la pointe du Grouin du Sud. Un peu à l'abri du vent, nous repérons quelques mouettes rieuses, des goélands argentés, un goéland brun, des courlis cendrés et un

grand gravelot qui vient se poser devant nous. Pourquoi est-il seul, alors que cette espèce est plutôt grégaire ? Les explications, avouons-le, sortent un peu des explications sérieuses qui font habituellement l'excellente réputation du GONm ...


    Nous sommes à mi-marée, les bernaches cravants qui ont passé la nuit en sécurité du côté de Tombelaine rejoignent les sites de nourrissage, essentiellement sur les herbus. Des tadornes de Belon les accompagnent souvent. On note que les effectifs de bernaches sont depuis plusieurs années en augmentation en baie du Mont Saint-Michel. Pourtant, la proportion de jeunes, cette année, est faible, ce qui indique que la reproduction a été difficile. Les bernaches que nous voyons viennent de Sibérie.

    Nous descendons sur l'herbu, au bord de la rivière.
Une petite troupe de chardonnerets élégants nous rejoint. Proches parents des linottes, les chardonnerets montrent une large barre alaire jaune vif et un masque rouge et noir sur la tête. Leur bec, plus fin que celui des autres granivores, montre leur spécialisation dans les petites graines difficiles d'accès, dont celles des chardons. D'où leur nom. Aujourd'hui, ils se posent sur des cardères. Comment font-ils pour ne pas se piquer  ?

Une alouette, en passant, pousse son cri roulé.










Dans une boucle de la rivière, une aigrette garzette cherche de petits poissons.


    Derrière ces mouettes rieuses au repos, une spatule blanche tâte de son bec sensible le fond de l'eau. Cet oiseau est en progression à l'échelle européenne, grâce aux colonies bien protégées aux Pays-Bas. Depuis peu, elle niche en Normandie. En période de reproduction, elle vient parfois se poser dans la colonie d'aigrettes de Tombelaine, pour l'instant sans suite. Nous prenons le temps d'observer sa technique de pêche : elle marche sans cesse, tout en balançant sa tête de droite et de gauche.


    Dans l'eau, un grèbe huppé et deux grands cormorans plongent. L'eau n'est pas profonde, ils remontent souvent. A l'envol, ce cormoran montre une tache blanche sur la cuisse : plumage nuptial. Les colonies les plus proches sont à Chausey et près de Cancale l'île des Landes.


    Nous avions prévu un grand circuit mais décidément trop d'oiseaux nous intéressent, nous avançons lentement ! La bergeronnette de Yarrel chasse sur l'herbe rase. Il s'agit d'une sous-espèce de la bergeronnette grise qui niche au printemps dans les îles britanniques et passe la mauvaise saison chez nous. En toutes saisons le mâle (photo ci-dessus) présente un dos noir et le noir de la poitrine rejoint le dos.


    Avec la femelle, ça se complique ... celle-ci a le dos gris et une calotte noire. Voyons "le guide ornitho" :


ici, l'ad.intern. alba, donc la bergeronnette grise "classique" est montré avec la calotte grise, alors que le livre "Identifier les oiseaux" (Couzens), pointu sur les espèces difficiles, montre :


une calotte noire pour les femelles des deux sous-espèces en hiver. Pas facile, hein !
Il n'attribue la calotte grise qu'aux juvéniles.
Alors pour distinguer les deux types de femelles, il faut estimer le gris plus ou moins foncé du dos et sur les flancs, la yarrel montre une couleur fumée, moins blanche que la grise type.
Tout ça pour dire que sur certaines photos on voit ces flancs fumés, il s'agit donc d'une femelle de bergeronnette de Yarrel ! ouf ! Agrandissez la photo suivante pour le vérifier.




    Un pipit farlouse vient les rejoindre, très actif. Ses pattes claires, aujourd'hui très bien éclairées, le distinguent facilement du pipit maritime et du pipit spioncelle, qui fréquentent aussi les herbus en hiver. Un accenteur, nerveux, s'approche, puis vole vers les buissons, son refuge.

    Les oiseaux sont nombreux à passer de la haie à la prairie : une petite troupe de bruants zizis nous nargue un peu, car ils ne sont pas faciles à voir. Ils tirent leur nom du chant du mâle : "zizizizizi". Mais aujourd'hui, nous n'entendons que le cri, un "tzip !" très discret. Un troglodyte chante, des mésanges à longue queue sont entendues.

   D'un point de vue surélevé, nous recherchons les oiseaux sur l'ensemble de l'anse de Gisors : les bernaches sont très nombreuses, accompagnées d'étourneaux, de tadornes, de vanneaux huppés, d'une nouvelle spatule, de quelques canards, dont le canard pilet qui revient d'Afrique. Un busard survole l'espace entre herbus et grève. On le reconnaît à son vol glissé, les ailes relevées en "V" très ouvert. Un pinson chante près de nous, c'est un de ses premiers chants de l'année, encore hésitant.

Les pies sont nombreuses aujourd'hui !

    Au total, 31 espèces d'oiseaux ont été vues, c'était une sortie très riche !

Thierry Grandguillot

Prochains rendez-vousdimanche 21 février, 09:30 – 11:30
LieuBellefontaine, la Fermette (plan)
DescriptionLes oiseaux du bocage, entre haie et jardin sur un refuge du GONm Dans le cadre du développement d'une activité pédagogique autour du jardinage biologique (permaculture, cultures associées, etc) sur le site de la Fermette, le GONm s'associe à l'initiative d'Anthony, le maraîcher bio et de ses amis en proposant une animation autour des oiseaux du refuge. Des nichoirs ont été fabriqués (faucon crécerelle, effraie, mésanges), certains déjà posés, par les porteurs du projet et ce sera l'occasion de discuter de la place des oiseaux comme auxiliaires du jardinier. RV 9h30 à la Fermette, la Cour de Haut, 3 route de la croix de la Téterre 48°41'00.15N 0° 58'32.38 O covoiturage possible depuis Tirepied ou Brécey Gratuit, ouvert à tous. Bottes conseillées, jumelles non indispensables. Contact animateur : jean Collette 02 33 48 95 63 ou jean.collette@orange.fr Renseignements stages : armelle@wanadoo.fr ou 02 33 59 75 10
mercredi 2 mars, le "café ornitho" à 20h30 au Liberty à Avranches ;
dimanche 13 mars sortie au jardin des plantes d'Avranches à 9h30 ;
dimanche 17 avril à Saint Martin des Champs, rdv à 9h au parking de l'église pour un circuit passant par la Bourdonnière.