dimanche 14 décembre 2014

Au parcours de santé

Sortie au parcours santé du Val-Saint-Père

Merle noir au lever du soleil
Petit jeu : retrouvez le nom de chaque oiseau photographié pendant notre sortie !
Nous étions 11 participants à cette dernière sortie de l’année 2014, en ce dimanche au temps d’hiver.
La gelée blanche recouvre le sol et il faut être vigilant pour ne pas glisser sur les plaques de verglas. Ce temps de saison est favorable à l’observation des oiseaux grâce à une bonne luminosité mais, par contre, ils ne sont pas très loquaces trop occupés à rechercher leur nourriture.
Mésange bleue

Le parcours, situé sur la commune du Val Saint Père est bordé de grandes propriétés entourées de parcs plantés de vieux arbres feuillus et résineux et de haies favorables aux espèces arboricoles.
Ainsi, nous avons observés 3 espèces de mésanges : la charbonnière dont 2 mâles chanteurs, la bleue et la longue queue.
Pigeon ramier

Autres espèces arboricoles entendues : le grimpereau des jardins (chanteur) et la sittelle torchepot, le pic épeiche que nous avons entendu tambouriner 1 fois soit  2 semaines plus tôt que d’habitude et le pic vert.
Les corvidés sont aussi bien représentés dans le secteur : le geai des chênes, la pie bavarde et la corneille noire, par contre le choucas des tours et le corbeau freux n’ont été notés qu’en vol.
Buse variable

Dans un buisson bordant le chemin creux, un pouillot véloce a été vu et entendu (cris), l’espèce est maintenant un hivernant assez commun sur la frange littorale à cause du réchauffement climatique.
Un pigeon ramier « local » a chanté timidement, mais nous en avons également vu une troupe d’environ 150 individus arriver du nord ouest suite à des tirs de chasseurs et ils se sont posés dans les arbres du parc du bois Guérin, les dimanches d’hiver ne sont pas de tout repos pour ces hivernants !
Corneille noire

Lors de notre périple, nous avons repéré plusieurs espèces fréquentant les buissons :
L’accenteur mouchet, le troglodyte mignon, le merle noir, le rouge gorge qui chantait timidement ainsi que quelques roitelets difficiles à identifier (huppé ou triple bandeau ?)

Une seule espèce de rapace a été observée : la buse variable dans le parc du Bois Guérin.
Les granivores tels que le pinson des arbres, le verdier, la linotte mélodieuse et le chardonneret ont été identifiés malgré leur discrétion.
Pie bavarde

Autres espèces présentes : l’étourneau sansonnet, la bergeronnette grise, la pie en fin de parcours et le goéland argenté dont 1 ind nous a survolé, probablement en route vers le centre d’enfouissement des ordures ménagères d’Isigny le Buat.



Un écureuil a joué à cache cache avec nous au sommet d’un arbre d’où il ne pouvait fuir car nous étions au pied.
Au total, ce sont 28 espèces que nous avons recensées au cours de ce périple de 2 heures.
Nichoir pour une chouette chevêche

Cette richesse nous permet d’imaginer quelle était la biodiversité de notre bocage avant que celui-ci ne soit irrémédiablement appauvri par les remembrements réalisés dans les années 1960/1970.

Prochaine sortie le dimanche 11 janvier 2015 :

A la recherche de l’alouette lulu

RDV à 9h30 parking de l’église de Saint Martin des Champs
(prévoir les bottes)

Réponse au petit jeu : en surlignant la légende sous chaque photo, vous verrez apparaître le nom de l'oiseau ! Vous pouvez agrandir les photos en cliquant.
Pour le plaisir ...

Toujours la même !







samedi 29 novembre 2014

Samedi 29 novembre 2014 à Saint Ovin

Saint-Ovin : un petit tour imprévu sur les chaumes !


  Nous étions 10 à participer à cet « exercice de communication » monté en urgence : l’objectif était de créer une occasion de proposer une information à la presse locale. Suite à rechercher dans les titres du sud Manche !
Entre les tiges de blé moissonné, les taches vertes des adventices.

  Au sommaire du dernier numéro de la revue du GONm (Le Cormoran n°78), un article sur les oiseaux des chaumes attire l’attention : certains passereaux sont très attachés aux sols cultivés. Ce n’est pas en soi une découverte, l’alouette des champs n’habite pas le bocage trop morcelé par les haies, elle est par contre fréquente dans la plaine. Ce qui est par contre instructif, c’est la mesure de la préférence de l’espèce pour les parcelles couvertes d’adventices, ces plantes sauvages qui se développent rapidement après la moisson, fleurissent vite et portent des graines en quelques mois. « Adventices » est le qualificatif (à connotation négative) employé en agriculture pour désigner les plantes qui poussent sur les sols cultivés (les « mauvaises herbes » du jardin par exemple). Certaines sont des « messicoles », très liées aux cultures de céréales.
Pour illustrer ce rapport des granivores aux chaumes, il fallait trouver la bonne parcelle...Pas facile! La réglementation agricole oblige les agriculteurs à semer « un couvert hivernal » (moutarde, phacélie, ray-grass...) quand ils n’envisagent pas de semer une culture d’hiver (par exemple du blé qui sera moissonné en fin de printemps.) Ce semis est destiné à freiner l’érosion due au ruissellement sur des terres nues et à pomper l’excédent de nitrates laissé par la culture précédente. On a ainsi des CIPAN, nom officiel des « cultures intermédiaires pompes à nitrates. »
Le désherbage chimique probablement minimal de la culture de blé
 a permis à de nombreuses plantes sauvages de pousser:
 les laiterons atteignent une belle taille !

  Ces bonnes intentions environnementales sont un excellent exemple de mesures qui se retournent contre la nature, contre la biodiversité : le travail du sol et les semis denses empêchent la flore des chaumes de se développer, privant les oiseaux granivores de nourriture en cours d’hiver, au moment où les grandes bandes d’hivernants venus du nord et de l’est de l’Europe ont besoin de ces graines.
Pour médiatiser localement cette question, une parcelle de chaume de blé restée tardivement en l’état pour cause de météo défavorable a servi de terrain « d’exercice » : samedi 29 novembre après-midi, une dizaine d’adhérents se sont retrouvés sur un champ de 15 ha à Saint-Ovin pour compter les oiseaux et reconnaître quelques plantes typiques de cet habitat. Le labour débutant a un peu diminué la portée de l’expérience (il y avait donc urgence à passer jumelles au cou...)
Comme au jardin, le pâturin est la "mauvaise herbe" la plus banale 
mais aussi une des plus attractives pour les granivores.

  Un comptage plus complet de 30 minutes avait été réalisé la veille, la charrue n’étant pas encore à l’œuvre : les espèces attendues sont là, même si les effectifs sont réduits (il n’y a pas encore eu le « coup de froid » qui va pousser les oiseaux venus du nord à descendre.) Alouette des champs (2), linotte mélodieuse (37), bruant jaune (7), pipit farlouse (11), bruant zizi (1 ; 2 le lendemain), grive musicienne (13) sans compter le faucon crécerelle, le pigeon ramier (260) sont levés sur les 15 ha. La partie labourée attire environ 200 mouette rieuses (sans compter les nouvelles arrivantes) et des bergeronnettes grises, deux espèces qui n’étaient pas présentes la veille sur les chaumes non retournés.
Pour limiter le ruissellement en surface, un simple travail superficiel en travers de la pente suffirait à retenir l'eau; la croissance des adventices au cours de l'hiver serait une bonne pompe à sels minéraux excédentaires et les granivores auraient table mise...

  Pour mémoire, la linotte et le bruant jaune sont présents sur la liste rouge des hivernants en danger en Basse-Normandie. L’enquête Tendances montre que le bruant jaune a régressé sur 2/3 des relevés depuis 1996, la linotte sur 1/2, l’alouette des champs sur 1/3. À l’échelle européenne, les résultats des enquêtes standardisées vont dans le même sens : depuis 1980, le pipit farlouse a régressé de 68%, le linotte de 63%, l’alouette des champs de 50%, etc ...

  Notre petit tour dans la parcelle apporte un exemple de réponse à la question : quelle explication donner à la disparition de 400 millions d’oiseaux d’espèces communes en 30 ans en Europe ?... Le bilan publié dans la presse début novembre met en cause les méthodes modernes d’agriculture et la disparition des habitats. Notre région bocagère a déjà connu l’arasement des haies. Le remplacement de la prairie par les cultures est une autre révolution.
Un des vieux chênes témoins de l'ancien parcellaire 
(c'est  là que se réfugient pigeons et grives chassés des chaumes)
En arrière, la ligne d'aulnes marque le cours du ruisseau. 
Plus loin, la jeune haie à "répartition rythmée des couleurs" est typique des jeunes replantations.

  D’autres oiseaux liés au bocage et entendus : le pouillot véloce (chanteur !), le geai des chênes, le pic épeiche, l’étourneau, le merle.
Quelques plantes reconnues dans la parcelle (sans nommer les espèces) : laiteron, pissenlit, matricaire, pâturin, épilobe, chénopode, violette, pâquerette, digitale, porcelle, cirse, plantain, scrofulaire, vergerette, marguerite, renouée, fumeterre, géranium, morelle, millepertuis, véronique, jonc, mouron rouge, séneçon, cardamine, saule, etc...

  Nous remercions Monsieur J-P Jouvin (Cheval Plaisir, le Champ du Genêt, Saint-Senier) qui nous a autorisé à circuler sur sa propriété.

Texte et photos J Collette

Les "chômeurs" (amateurs des chaumes !) d'aujourd'hui.
Pour en savoir plus :
Collette J. & Lang B. (2013) – Les oiseaux des sols cultivés en Normandie : 2e partie : l’enquête « chaumes ». Le Cormoran, 19 : 95-108.
Taper dans un moteur de recherche : Population trends of common European breeding birds 2013. CSO, Prague

article de La Manche Libre du 6 décembre 2014 (cliquer pour lire)









dimanche 16 novembre 2014

Salon bio de Pontorson, 16 novembre 2014

  Le Groupe Ornithologique Normand a tenu un stand, comme chaque année, au salon bio de Pontorson, ce qui est une occasion de rencontrer de nombreuses personnes que nous connaissons déjà, et bien sûr de faire connaissance avec de nouvelles personnes intéressées par l'ornithologie. Le nouveau matériel : banderole et affiche déroulante ont bien mis en valeur le stand.

   A 14h30, nous proposions une animation qui a intéressé environ 25 personnes. Nous sommes allés à l'anse de Moidrey. Auprès de l'aire de stationnement, ce sont des passereaux qui se sont montrés : le troglodyte chante à notre arrivée, l'herbe rase est fréquentée par le pinson des arbres, le pipit farlouse et la bergeronnette grise. Des chardonnerets vont de la prairie aux arbres. Des grives mauvis sont déjà arrivées pour l'hiver. Cette petite grive au sourcil blanc fréquente les vergers, à la recherche de pommes tombées. Elle vit en petites troupes, nous en apercevons qui se posent dans les peupliers. Des étourneaux sansonnets passent aussi.
Mouettes rieuses et vanneaux huppés

  En rejoignant le bord du Couësnon, ce sont les oiseaux d'eau qui se montrent. L'anse de Moidrey n'est pas chassée, les oiseaux qui sont habitués à voir passer des promeneurs sur le chemin ne se soucient pas de notre présence.
Posés puis en vol, des vanneaux huppés et des mouettes rieuses sont bien visibles. Une dizaine de poules d'eau arpentent les zones de tangue. Les canards colverts nagent en pleine eau.
Lorsqu'un épervier passe, tous les oiseaux du bord de l'eau s'envolent, car ils craignent ce chasseur habile. De la même taille que le faucon crécerelle, l'épervier est beaucoup plus discret, nous avons eu de la chance !
Poule d'eau et chevaliers arlequins

  Sur la rive opposée, une sarcelle d'hiver et deux chevaliers arlequins se laissent observer longuement. Un busard (probablement un busard des roseaux) louvoie au-dessus des criches aménagées pour servir de réservoir à marée dans le cadre du désensablement du Mont Saint Michel. Le busard est un rapace très léger, dont le vol avec les ailes en V est typique. Il n'est pas un très bon chasseur, il préfère capturer des proies peu rapides, surprises au sol dans des terrains découverts.
  Deux espèces de hérons fréquentent l'endroit : le héron cendré, que nous voyons posé, immobile, dans l'herbe et l'aigrette garzette, petit héron blanc très actif, qui passe d'une rive à l'autre.
Héron cendré à l'affût

  Le tadorne est un grand canard marin très blanc. Il remonte un peu nos fleuves côtiers. Ce canard protégé niche préférentiellement dans des terriers car sa couleur le rendrait très repérable s'il nichait à découvert.
  Le grand cormoran remonte le Couësnon pour pêcher, il rejoint ses dortoirs (Tombelaine, par exemple) chaque soir.
  Dans les peupliers, quelques corbeaux freux se perchent. Ils sont plus grégaires que la corneille noire. Une de leurs colonies se trouve près du parking du Mont.

Sarcelle d'hiver (un mâle)

  Quelques autres oiseaux sont vus ou entendus : la bouscarle de Cetti, une discrète fauvette des roseaux ; la mésange bleue ; le pigeon ramier ; la tourterelle turque ; la pie ; le chevalier culblanc.
En tout, 27 espèces en peu de temps, l'endroit vaut le détour !

Thierry Grandguillot



Corbeau freux
Vanneaux et mouettes rieuses en vol




cliquez sur les photos pour les agrandir

samedi 25 octobre 2014

Le Mesnil-Adelée samedi 25 octobre 2014

Les oiseaux du verger : le Mesnil-Adelée chez Clément Joseph


L’horaire n’est pas favorable à l’activité des oiseaux : quelques discrètes manifestations, cris ou oiseaux en vol, sont cependant repérées pour 20 espèces.

Des cavités dans un pommier
Le verger de pommiers haute tige (dit encore « pré verger », « jardin », « cour plantée », « plant » selon les régions normandes) est un habitat complexe : des troncs, des branches, des fleurs ou des fruits, de l’herbe (et du bétail en dehors de la saison de la récolte des pommes). Nous repérons le pouillot véloce chassant des insectes au niveau du feuillage ; au printemps il a niché au pied de la haie : la complémentarité entre le verger et la haie est importante à souligner. Cette présence de nombreux oiseaux insectivores venus de la haie augmente la protection des pommiers contre l’impact des insectes déprédateurs. Inutile de traiter le verger haute tige aux insecticides! Le rouge-gorge est aussi un évadé de la haie. L’arrivée de migrateurs du nord et de l’est de l’Europe rend les rouges-gorges agressifs et remuants : il faut éloigner le voisin à bonne distance (quelques dizaines de mètres...)

D’autres passereaux sont encore plus étroitement liés au pommier haute tige : ce sont ceux qui nichent dans les cavités des troncs. Mésange charbonnière et mésange bleue seront entendues. Le grimpereau des jardins est ici attiré par les écorces crevassées des troncs où il chasse de petites proies. Les cavités sont dues aux blessures, à la taille des branches ou encore sont creusées par les pics. En vieillissant, le tronc forme de l’humus au fond du trou, des insectes particuliers – certains rares et menacés - vont venir y pondre.
Le ruisseau

À plusieurs reprises, le chardonneret passe en vol. Le verger de pommiers est son habitat préféré. Le nid est construit le plus souvent en bout de branche. D’autres espèces vont utiliser les fourches plus fortes, la plus caractéristique étant la grive draine (« la grive des pommiers » des Normands) que nous entendons crier. Le plus souvent, elle construit son nid ébouriffé dans la fourche principale du tronc.

Un ruisseau coule en limite du verger. Le martin-pêcheur crie en vol en remontant le cours et la bergeronnette des ruisseaux survole la propriété. 

Clément nous explique le travail de greffage des surets devant la pépinière (la sultière). En octobre, il prépare sa cave (lavage soigneux des tonneaux), sa presse (originale : c’est une presse de vigneron), ses bouteilles... Et la récolte commence !
Dans la cave

Dégustation de deux cidres et discussion autour de l’avenir du verger : c’est le consommateur qui commandera le futur, selon ses choix. L’évolution régressive du cahier des charges de certaines AOC cidricoles fait craindre le pire pour le devenir des vergers haute tige normands...
Merci à Clément  pour son accueil et ses commentaires professionnels. Son expérience en agriculture biologique a fait de lui un précurseur dans notre région.
Pour passer chez lui acheter du cidre, téléphoner le soir au 02 33 59 99 39 (laisser un message en cas d’absence).

Liste des espèces dressée par Sébastien Crase :

Mésange charbonnière, mésange bleue, grimpereau des jardins, pouillot véloce, chardonneret élégant, rouge-gorge familier, grive draine, merle noir, troglodyte mignon, accenteur mouchet, pie bavarde, geai des chênes, roitelet huppé, roitelet à triple bandeau, corbeau freux, choucas des tours, linotte mélodieuse, pipit farlouse, martin-pêcheur d’Europe, bergeronnette des ruisseaux.

La propriété est un refuge du réseau du Groupe ornithologique normand. En 8 visites, 45 espèces ont été notées au moins une fois dont le pic épeichette, le rouge-queue à front blanc, le pipit spioncelle...

Jean Collette

dimanche 19 octobre 2014

La ferme du Petit Changeons

le 19 octobre 2014
Vallon à bergeronnette des ruisseaux
La ferme du Petit Changeons

Aujourd'hui, nous sommes 15 à participer à cette sortie, accueillis sur la ferme du Petit Changeons, à cheval sur Avranches et le Val Saint Père, par Aymeric Leprovost et ses associés.

En descendant, nous voyons sur le château les choucas qui logent dans les cheminées. Chaque soir, ils quittent le secteur pour un dortoir situé au Val Saint Père, dont ils reviennent dès la fin de la nuit, avant le lever du soleil. Les étourneaux se perchent sur le paratonnerre.
Etourneaux sansonnets

Le vallon dans lequel la petite ferme se trouve est fréquenté par des bergeronnettes des ruisseaux qui circulent sur toute la longueur du "Petit Changeons" et s'en éloignent régulièrement, car elles occupent un territoire de grande taille.

Le secteur, très boisé, nous permet d'entendre et de voir furtivement le rougegorge (rares chants), le merle noir, la grive musicienne, le pinson des arbres, le troglodyte, la mésange bleue, la mésange charbonnière, la fauvette à tête noire (un chant !), le geai, le pic épeiche ou l'accenteur. Le roitelet à triple bandeau est-il de passage ? des visites régulières permettraient de le vérifier.

Dans la partie plus dense du bois, des cris de sittelle torchepot ou de grimpereau des jardins s'entendent. C'est dans les parties plus ouvertes que nous rencontrons le pouillot véloce, dont une grande part de nos populations va migrer vers le sud ; la pie ; la buse variable. Deux individus se font houspiller par des corneilles. L'une de ces deux buses pousse encore des cris de juvénile, ce qui devient rare en octobre.

Le temps très doux poussent les frelons européens à la recherche de nourriture. Il semblent très nombreux. Nous découvrons un nid situé au pied d'un poirier creux.

Le vent, orienté depuis plusieurs jours au sud, encourage les oiseaux à la migration. Nous sommes survolés toute la matinée par de nombreux pinsons des arbres, des grives mauvis, un chardonneret, des alouettes des champs, des pipits farlouses et quelques bouvreuils pivoines au cri doux et plaintif. Des alouettes lulus dont on reconnaît la silhouette à la queue courte passent aussi en petites troupes. Quelques-unes resteront en hiver, dans les champs ouverts, à la recherche de graines d'adventices. Si les chaumes lui conviennent bien, l'obligation de couverture hivernale par une culture intermédiaire (moutarde par exemple) pour empêcher le lessivage de l'azote risque de la gêner.
nid de frelons

Des mouvements d'oiseaux locaux : pigeons ramiers, mouettes rieuses, goélands argentés, sont bien visibles. Un faucon crécerelle crie à l'extérieur de notre terrain d'exploration. Lorsqu'une mésange à longue queue lance une alarme, nous levons les yeux pour profiter du passage d'un épervier d'Europe, assez grand pour qu'il s'agisse d'une femelle : le mâle est nettement plus petit.

Au total, si on ajoute le passage d'un pigeon biset domestique, 33 espèces ont été vues en une matinée, prouvant l'intérêt écologique de l'endroit. En plus des oiseaux, les plantes ajoutent de la valeur : La prairie maigre à l'ouest montre une belle diversité de plantes à fleurs (les dicotylédones) dont des molènes, des centaurées ; le sous-bois, peuplé de houx fragon (Ruscus aesculus) montre l'ancienneté du boisement ;les grands arbres du parc sont remarquables : résineux, ifs, tilleuls, châtaigniers ; certaines haies sont porteuses de nombreux petits fruits : prunelles, cynorhodons (le fruit de l'églantier), cenelles (fruit de l'aubépine) ; Au bas de la pente, un très beau massif de lierre, sur un ancien bâtiment, porte d'innombrables fleurs qui sont fréquentées par de nombreux insectes. A la fin de l'hiver, les fruits du lierre permettront aux grives, merles, fauvettes à tête noire et autres frugivores de faire la soudure avec le printemps.
Notre groupe, dans la prairie maigre

Jean a fait un relevé de terrain dont le principe est de placer sur un plan de l'endroit les contacts de chaque oiseau posé.
 Les oiseaux qui survolent le site ne sont pas pris en compte. C'est lorsque le site est suivi régulièrement que ces relevés de terrain prennent toute leur valeur, permettant de caractériser avec précision l'intérêt ornithologique de chaque partie.

Thierry Grandguillot

Le massif de lierre en fleurs


prochaines sorties : 
samedi 25 octobre au Mesnil-Adelée, rdv à 14h30 à la salle des fêtes pour une visite d'un verger.

au salon bio de Pontorson, le dimanche 16 novembre, nous tiendrons un stand et nous ferons une sortie publique à 14h30.


Suite d'une sortie de l'hiver dernier :
La vallée de la Bourdonnière, à Saint Martin des Champs, a fait l'objet d'une convention entre la mairie et le Groupe Ornithologique Normand, devenant un "Refuge de nature".
La Manche Libre



samedi 20 septembre 2014

Tirepied le samedi 20 septembre 2014

Journée européenne du patrimoine culturel et naturel :
Tirepied : le verger haute tige et les oiseaux


    Samedi 20 septembre après-midi, Monsieur et Madame Legent nous ont accueilli (nous étions 18) chez eux à La Busnolière. La visite de leur verger a permis d’illustrer la vie sauvage autour du pommier et d’évoquer l’aspect patrimonial de la production de pommes. Il est important de préciser que le calvados produit est ici sous AOC (Appellation d’Origine Contrôlée, dite AOP dans le cadre européen : origine protégée), ce qui implique des obligations de production strictes inscrites dans un cahier des charges. Les modifications demandées par une partie de la filière professionnelle tendraient à faire disparaître ce verger haute tige des obligations, les pommes ne venant alors que de pommiers basse tige, ce qui change tout de notre point de vue « d’observateurs d’oiseaux »...

    Le tronc des vieux arbres fruitiers se creuse et laisse apparaître du bois mort perforé de galeries occupées par des larves d’insectes. Le pic épeiche et d’autres viennent creuser ce bois mort pour y chasser les proies. Certaines cavités plus importantes servent de loge (=de nid) au pic qui peut s’y reproduire ou passer la nuit. Les mésanges en particulier ont besoin de ces trous pour y nicher à leur tour. Nous entendons les cris des mésanges bleues et même un chant de mésange charbonnière ! Les mésanges sont des auxiliaires irremplaçables du pommier qu’ils débarrassent de nombreuses chenilles.
Une loge de pic creusée dans un tronc fragilisé par des champignons.

    Les haies qui entourent le verger sont capitales pour la bonne santé des pommiers : les oiseaux des buissons viennent chasser dans le  verger et même y nicher ! Un nid de merle posé sur une branche de pommier le prouve. Les rouges-gorges alertent et chantent durant toute notre visite (dont un individu à cri dur inhabituel qui occupe une partie du verger lui-même...) Les aubépines portent des fruits murs consommés par merles, grives et fauvettes. Des fruits tombés au sol portent des traces de bec en V.
Nid d'un merle noir.

    L’oiseau le plus typique du verger, la grive draine (la « grive des pommiers »), sera vu discrètement à plusieurs reprises : 4 ensemble, probablement une famille. De même que dans le ciel, 4 buses tournent : les cris des immatures ne trompent pas, les jeunes tournent avec les adultes.

Nous remercions M. et Mme Legent pour leur bon accueil et la dégustation au frais.

Monsieur Legent dans son verger (Oct 2008)
Détail important, plus de 20% des pommiers ont moins de 20 ans, 
ce qui représente le bon taux de renouvellement des arbres pour la survie du verger à long terme.

Quelques informations complémentaires sur l'intérêt pour les oiseaux des vergers en haute tige :

Défense et illustration du verger haute tige traditionnel normand :
Le rôle conservatoire de biodiversité appliqué aux oiseaux


Des résultats publiés à partir des études du Groupe Ornithologique Normand, il ressort que :

-  le verger haute tige, surtout quand il est associé à un maillage de haies bocagères, accueille un plus grand nombre d’espèces que le verger basse tige ;
ex : En 1995, pour 11 relevés de 30 min, en moyenne par relevé 17 espèces en HT contre 3,2 en BT ;
        En 2002-2003, pour 100 h de relevés, on note au total 58 espèces en HT contre 25 en BT

-  le verger haute tige, surtout quand il est associé à un maillage de haies bocagères, accueille un plus grand nombre d’individus que le verger basse tige ;
ex :  En Bocage normand aussi bien qu’en Pays d’Auge, le verger HT compte 6 fois plus d’individus en  moyenne que le verger BT lors d’un relevé (moyenne calculée sur 12 mois)

-  les oiseaux cavernicoles liés à l’existence de cavités pour se reproduire n’occupent que le verger haute tige dont les troncs produisent rapidement des cavités à partir de 20 ans sous l’effet de la taille en particulier ;
ex : la sittelle torchepot, le grimpereau des jardins, le pic épeichette, la mésange nonnette en particulier sont bien présents en HT, totalement absents en BT.

-  certaines espèces localisées, rares ou disparues étaient - ou sont encore pour certaines - rencontrées dans cet habitat : pie-grièche à tête rousse, torcol fourmilier, moineau friquet, pigeon colombin, huppe fasciée, gros-bec casse-noyaux, chouette chevêche... La présence avérée de la mésange huppée nicheuse en verger HT semble originale.

Pour toutes ces raisons, le GONm souhaite que la filière de commercialisation des produits issus des fruits produits par les vergers haute tige conserve une place significative à ce type de conduite du verger dans la rédaction du cahier des charges des AOC « Calvados » et « Calvados Pays d’Auge », ce qui n’est pas le cas dans les projets actuels.
La visite du verger de M. et Mme Legent à Tirepied dans le cadre des journées européennes du patrimoine culturel et naturel a permis de rappeler que cet habitat est le résultat du travail de l’homme, résultat d’une longue pratique. C’est aussi un milieu original, entre forêt et  prairie : le pré-verger est la configuration parfaite de l’agroforesterie, nouvelle voie agronomique  d’avenir conciliant les impératifs de l’agriculture durable : production au moindre coût et conservation de la biodiversité associée.

GONm/J.Collette/2014-09-20
photos Sébastien Crase, Jean Collette et Andrée Lasquellec





Traces de galeries d'insectes mangeurs de bois mort ("Saproxylophages") sur un tronc de pommier. Ce sont les larves cachées dans les galeries qu'elles creusent en se nourrissant qui sont chassées par les pics et autres oiseaux insectivores.

dimanche 14 septembre 2014

Dimanche 14 septembre 2014, les herbus


Héron cendré

Les herbus du Val Saint Père

Traquet motteux

Nous nous sommes donnés rendez-vous à la gare d'Avranches avant de rejoindre "la Roche". Nous sommes aujourd'hui 15 personnes à participer.
Près du "continent", les arbres nous permettent d'entendre le rougegorge, la corneille noire et le bruant zizi. Le pigeon ramier rejoint les arbres. Un chevalier gambette appelle : Tiû-tiû ... mais ne se montre pas. Quelques cris de chevalier culblanc s'entendent aussi.

A l'endroit où la Sée s'élargit dans un grand virage, des chevaliers guignettes passent de la grève à l'herbu. On entend souvent leur cri : Hi-ti-ti-ti. Des vanneaux huppés se posent en compagnie des mouettes. Un grand gravelot se tient seul, nous en verrons deux ensemble en fin de parcours. Les traquets motteux, à ce moment en migration, s'approchent de notre groupe, curieux, puis repartent.
Vanneau huppé, mouette rieuse

Sur l'herbu, tout au long de notre matinée, nous rencontrons de nombreux vanneaux huppés. Une troupe de 7 pluviers dorés, au sol puis en vol, nous retient un moment. Les étourneaux, en grandes bandes, les corbeaux freux, les choucas recherchent comme d'habitude leur nourriture au milieu des moutons. Deux courlis passent, mais sans crier, ce qui nous fait hésiter : le courlis cendré est de très loin le plus fréquent, mais il est possible de rencontrer à cette saison le courlis corlieu, de passage entre les lieux de nidification (Islande, Scandinavie, Russie) et ses zones d'hivernage (les côtes africaines).

Quelques alouettes des champs s'envolent, crient parfois mais ne chantent pas. Des papillons très orangés, sans doute du genre Colias, nous accompagnent sur une partie de notre circuit que la récente forte marée a recouvert. A plusieurs reprises, nous observons des faucons crécerelles, dont l'un sautille dans l'herbe, il cherche visiblement à attraper une proie. Des insectes ? Le manège dure assez longtemps. Les hérons cendrés sont ici chez eux, aussi bien sur l'herbu (4 ensemble) qu'au bord de l'eau. Quelques aigrettes garzettes sont repérées, de loin.

Au bord de la Sée, nous retrouvons quelques troupes de laridés qui comprennent principalement des mouettes rieuses, quelques goélands cendrés et un goéland brun. Des goélands argentés passent en vol. Un grand cormoran remonte le fleuve.
Héron cendré en vol

Notre recherche du balbuzard pêcheur s'avère infructueuse, mais trois busard des roseaux louvoient sur l'herbu, sans s'approcher de nous.
Au retour, nous observons une bécassine dans une partie humide. Les bergeronnettes printanière et grise sont entendues, mais pas très bien vues. Le pipit farlouse crie un peu. Quelques hirondelles rustiques ont aussi été observées. Le passage d'automne est bien enclenché pour elles aussi.

Au total, 30 espèces oiseaux ont été contactées, c'est un beau score.



Thierry Grandguillot

Faucon crécerelle, vol du Saint Esprit
Prochaines sorties :

Samedi 20 septembre, dans le cadre des journées du patrimoine, à 14h30, parking école bourg, Tirepied. Le verger traditionnel normand n’est pas seulement un lieu de production original en AOC, c’est aussi un lieu de mémoire, de savoir, et aussi un paysage habité par des oiseaux originaux, parfois menacés. La visite du verger de M Legent permettra d’évoquer tous ces patrimoines réunis en un seul lieu. Gratuit. Contact : tél. 02 33 48 95 63.

Puis, le dimanche 19 octobre, à 9h place du jardin des plantes d'Avranches, nous irons à la ferme du Petit Changeons.








Pendant que les ornithologues observent les oiseaux, le traquet motteux observe les ornithologues !

La photo est un peu floue, mais nous avons bien vu des pluviers dorés !

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