Quelques notes suite à
la visite du 23 juillet 2013 à la Fermette de Bellefontaine
Le chemin d’accès est
au contact de deux mondes : celui de la « forêt »,
ici un bois de pente qui marque un espace probablement jamais cultivé
vu le relief, et celui de l’espace agricole.
La bruyère cendrée de la lisière forestière |
Côté bocage, la
parcelle en culture de céréale rappelle que jusqu’au
milieu du 19e siècle, 80% des terres agricoles normandes
étaient labourées ! Ce n’est qu’ensuite que le lait et la
prairie ont imposé leur image verte de la Normandie... De même,
deux des haies actuelles sont récentes : elles n’existent pas
sur le cadastre napoléonien au début du 19e siècle. Sur
la lisière du chemin, quelques plantes sauvages
marquent l’espace
de la prairie naturelle : la centaurée (proche du coquelicot),
le lotier ; elles ont en commun d’être attractives pour les
bourdons, les abeilles, les papillons...
Les parcelles cultivées du bocage ancien |
À cette heure de la
journée, les insectes butineurs sont dans les
« sapins » : pas de fleurs, mais probablement déjà
beaucoup de miellat : des pucerons excrètent un liquide sucré
qui est léché par les insectes, dont les abeilles qui vont en faire
une sorte de miel très parfumé. Quelques cris discrets de roitelet
huppé rappellent que cette espèce est fortement liée aux résineux.
Ailleurs dans le bois, une famille de grimpereau des jardins vient de
sortir du nid. Le pinson des arbres, la fauvette à tête noire, le
pouillot véloce, le pigeon ramier et les hirondelles rustiques (et
la buse en vol) sont les seuls oiseaux à se manifester
vu la date avancée en saison.
L'étui du cigarier du bouleau |
Une pensée émue pour le
travail que représente l’entretien des bandes de légumes à
« défendre » contre la concurrence des plantes
adventices, les « mauvaises herbes » (renouées,
chénopode, spergulaire...) ; mais aussi le souvenir de la
richesse potentielle de ces mauvaises herbes porteuses de graines dès
la fin d’été. Ces graines étaient la source de survie des
oiseaux granivores au cours de l’hiver à l’époque où les
chaumes existaient encore. Linottes, verdiers, bruants, pinsons,
alouettes étaient tributaires de ces pratiques culturales.
Actuellement, plusieurs de ces espèces sont inscrites sur la liste
rouge des espèces menacées en Europe ! Les cultures d’hiver
ont anéanti les chaumes.
Entre bois et bocage |
Elément traditionnel du
bocage du Mortainais, la barrière à écharpe est ici
représentée par deux exemplaires. Le talon est typiquement découpé
avec fantaisie, souvent avec art dans les cas les plus
représentatifs. Ces derniers témoins mériteraient attention et
protection, au moins une mise à l’abri de la destruction en
attendant une mise en valeur muséographique.
©
J. COLLETTE/GONm- 23/07/2013
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