dimanche 19 décembre 2021

Avranches, les oiseaux du début de l'hiver

 Nous étions 18 à participer à cette matinée. Après un temps pour présenter cette 4ème partie de notre recherche sur les oiseaux d'Avranches au fil des saisons (voir le détail plus bas), nous sommes partis à travers les rues de la ville.


 Cette sortie ne restera pas parmi les plus mémorables : début d'hiver, temps gris = peu de chanteurs. Les oiseaux sont toujours là, mais ils sont plus discrets.


Sauf les corvidés ! Les choucas, tout d'abord : présents sur les cheminées, ils restent en couples toute l'année, et surveillent les cavités qui peuvent les intéresser pour le printemps prochains.


Les corbeaux freux, que nous avions vus en pleine nidification au début du printemps dernier. Après avoir déserté le centre-ville en été et en automne, ils sont de retour, vérifient l'état des nids de la saison précédente, prennent position dans la colonie pour la prochaine saison. pour eux, la saison des amours commence en décembre ! 


Proches des humains, les merles noirs, devant la mairie, se nourrissent au sol. Pas de querelle de territoire à ce moment, on commencera à chanter dans quelques semaines.


La bergeronnette de Yarrel, difficile à distinguer de la bergeronnette grise, est représentée ce matin par une femelle : tête noire, flancs gris. Le dos noir serait l'apanage d'un mâle.


La tourterelle turque est présente dans plusieurs quartiers, en petit nombre. 


Le pigeon biset, ou pigeon de ville, a bien réduit ses effectifs depuis l'installation d'un couple de faucons pèlerins à Saint Gervais. Ceux qui ne sont pas mangés se font plus discrets qu'autrefois, évitent les vols hauts.


Là où des arbres existent, des mésanges bleues et mésanges charbonnières peuvent se trouver.



Le pinson des arbres est lié aussi aux mêmes endroits, mais il va se nourrir à terre.

L'accenteur mouchet est plus difficile à trouver, sauf lorsque le mâle fait entendre sa ritournelle.

La découverte de la matinée a été la rencontre avec le rougequeue noir. D'abord un mâle, puis une femelle, au même endroit. Cette observation est intéressante car cet oiseau est un migrateur partiel. Cela veut dire qu'une partie de la population normande migre vers le sud à l'automne. Ceux qui restent, souvent près des côtes, se font discrets : pas de chant, peu de cris, une vie en partie en haut des bâtiments. Nous avons donc peu de contacts avec le rougequeue en hiver.

Texte : Thierry Grandguillot

Photos : Claude Ruault, Thierry Grandguillot

 

Une expérience originale : 

les oiseaux marqueurs des saisons à Avranches


Au cours de l’année 2021, des observateurs bénévoles du Groupe ornithologique normand de l’Avranchin ont réalisé un projet inédit : illustrer l’avènement de chaque saison à partir des oiseaux présents sur le territoire de la commune d’Avranches. La méthode proposée est simple : en parcourant le territoire communal (450 ha), l’observateur dresse des listes d’espèces rencontrées en 30 minutes. L’opération est répétée au cours des 4 semaines précédant la date officielle de chaque saison.
Le nombre d’observateurs étant suffisant, le protocole a été assoupli : la localisation des circuits  a été laissée à l’initiative des observateurs. Le résultat consiste pour une espèce présente à exprimer en % le nombre de fois où elle apparaît dans les listes. À l’issue de chaque semaine, un bref texte de synthèse a été fourni à la presse locale à l’occasion d’une sortie matinale ouverte au public.

Commentaires
La liste fonctionnant selon le principe « présent/absent », que l’espèce soit représentée par 1 individu ou 100 ne change rien : il s’agit bien d’une enquête qualitative. De plus, sans contrôle de la localisation des relevés, l’imprécision de la couverture territoriale jette un flou sur la représentativité relative des différents milieux (urbain dense ou lâche, parcs, zones boisées, marais, bocage). Que ce soit en durée ou en distance parcourue, la répartition des parcours ne respecte probablement pas la proportion des habitats. Enfin, détail important, toute espèce vue ou entendue, posée ou en vol, est retenue, considérant que même un oiseau en transit (par exemple les goélands en vol en relation avec les dortoirs de la baie) fait partie du paysage ornithologique de la commune durant les 122 h des relevés.
Remarque importante, la méthode permet de comparer les données entre les saisons pour une espèce, mais pas de comparer les valeurs entre espèces


Au total, 90 espèces sont notées au moins une fois. Pour comparaison, le fichier du GONm cite 151 espèces observées depuis 1972. Sur ces 90 espèces,38 soit 42% sont observées au cours des 4 saisons. Ce sont les sédentaires dont les populations peuvent être gonflées par des oiseaux hivernants ou migrateurs (merle, mésange bleue...). Quelques espèces sédentaires ne sont pas notées 4 fois étant peu représentées (ou silencieuses une partie de l’année): sittelle, bouvreuil, épervier, colvert... Parmi ces espèces permanentes, le pouillot véloce (noté dans 17% des circuits d’hiver) et la fauvette à tête noire (12%) prouvent le changement de statut de ces « anciens » migrateurs. La localisation littorale de la commune d’Avranches (le climat hivernal est moins rude que dans d’autres régions normandes) explique au moins en partie ces bons résultats.



Les 5 espèces les plus fréquemment notées chaque saison sont logiquement parmi les plus communes, encore qu’il soit surprenant de voir le pouillot véloce entrer dans le tableau à 2 reprises, un biais possible dû au protocole.
Quelques espèces liées à l’eau et aux zones humides sont à noter dans ce groupe : la poule d’eau, la bergeronnette des ruisseaux, la bouscarle de Cetti, le héron cendré profitent des mares, des bassins, de la Pivette, des prairies humides de la commune.
À l’opposé des 38 espèces fidèles, 25 ne sont présentes qu’une saison. Ce sont  pour l’essentiel des migrateurs de passage (pouillot fitis, traquet motteux...) ou des hivernants (tarin des aulnes, pinson du nord, grive litorne...)Une majorité de ces derniers sont aussi liés aux zones humides (sarcelle d’hiver, pipit spioncelle, chevalier culblanc, bécassine des marais...)Les deux espèces remarquables de cette liste sont le faucon pèlerin venu nicher pour la première fois sur les tours de Saint Gervais et le grand corbeau explorant en automne des espaces plus au sud que ses sites de reproduction des falaises de Carolles.

Résultats exprimés en % du nombre de circuits

Cette expérience vise essentiellement un objectif de communication locale. La presse a bien rendu compte de notre « exercice ». C’est un outil mis gracieusement à disposition de la municipalité qui entre dans le cadre de la démarche de « territoire engagé pour la nature ».
GONm/JCo/20211228

Participants : Jean Collette, Sébastien Crase, Patrick Desgué, Philippe Gachet, Didier Guillon, Thierry Grandguillot, Maude Lerenard, Franck Letellier, Luc Loison, André Michel, et Paulo Sanson.






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