Ce dimanche matin, vent et crachin matinal n’étaient guère encourageants après un samedi calamiteux ! Nous étions cependant 15 au rendez vous au parking de l’étang de Pont Roulland et il faut remercier Michel Rouault, correspondant du quotidien Ouest-France d’avoir fait le déplacement pour répondre à notre invitation...
Le plan d'eau est relativement récent, datant du milieu des années 1990. Il est creusé dans la vallée de la Sée, s’appuyant sur la rive droite du fleuve et sur un bief qui barre la vallée en amont. Un cheminement empierré sur le merlon qui fait office de digue autour du plan d’eau en fait un lieu privilégié de promenade locale. Les oiseaux posés sur le plan d’eau sont donc, soit très habitués à l’homme (canards colverts et foulques), soit de passage bref et l’observateur doit être matinal pour être le premier à passer !
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La foulque macroule, plutôt familière ici. |
Depuis 1994, d’après le fichier du GONm, 59 espèces ont été vues sur ces 2 ha et les marges malgré le dérangement. Les plus rares sont le grèbe à cou noir, le harle piette, le harle bièvre, la guifette noire. D’autres plus attendues sont cependant des espèces notables à l’échelle normande : la bergeronnette des ruisseaux, le martin-pêcheur, le chevalier guignette, etc. Ce matin, la mésange nonnette crie dans les arbres de la rive par exemple. Ce passereau sans être une rareté est cependant un signe de qualité du bocage local : chassée des espaces agricoles par les remembrements drastiques des années 1980, cette mésange forestière s’est retranchée dans les bois et forêts de la région.
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Dans la boucle de la Sée, le boisement est diversifié. |
Au total, 36 espèces ont été vues ou le plus souvent entendues au cours de la sortie. Le tarin des aulnes a été noté en vol à plusieurs reprises sans être vu posé. Il utilise régulièrement les aulnes – et les mélèzes plus tard en saison – pour se nourrir. Les aulnes sont un élément majeur du lieu : soit très âgés, en cépées le long des cours d’eau, et exceptionnellement en arbre (un très bel individu en place sur le bief), soit jeunes poussant à partir des graines flottantes poussées sous l’effet du batillage sur les rivages exposés au vent. Un aulne cassé par le vent cette année est déjà occupé par le pic épeiche venu y creuser des amorces de cavités. S’il poursuit son travail de percement, la cavité sera peut-être occupée par des mésanges l’an prochain.
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Une cépée d'aulne : le pic épeiche y creuse. |
Encore faut il que ces branches mortes soient laissées en place par les services d’entretien de la commune. Deux fronts de défense se profilent ici : le grand projet de « restauration » de la Sée, programme prévu sur 5 ans, concernant 156 km de cours d’eau, (dont 3 000 arbres à abattre !) et l’entretien courant des abords de ce lieu ouvert au public, fréquentation qui implique le respect de règles de sécurité.
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L'ébauche de loge dans l'aulne. |
Ce plan d’eau artificiel résume à lui seul tous les aspects de la puissance de colonisation de la nature : outre les arbres poussant déjà sur les rives, les plantes herbacées adaptées aux rives sont aussi installées. Jonc, angélique, iris, bident, lycope, etc., là où la lumière est disponible hors des arbres, de nombreuses plantes garnissent la rive, fournissant une grande quantité de graines aux canards en particulier. Mais aujourd’hui, les colverts qui ne sont pas sur l’eau occupent une prairie voisine où ils chassent au sol. Selon la saison, les innombrables têtards puis jeunes crapauds, les libellules en vol, les canetons de colverts illustrent combien cet étang est vivant. Il faut imaginer que jusqu’au siècle dernier, de nombreuses mares jalonnaient le bocage, mares dont la disparition a été l’un des facteurs d’appauvrissement de notre biodiversité.
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Rive gauche de la Sée, il n'y a déjà plus d'arbre. |
Quelques faits marquants... Le martin-pêcheur posé, le pouillot véloce encore présent, le nid du printemps de la grive draine ; très exposé !
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Dans un mélèze, le nid de la grive draine. |
Plus loin, une fleur de primevère, une de ficaire et une fleur de berce occupée par des « mouches à merde » dont certaines sont accouplées. En quelle saison sommes-nous ? A propos de ces mouches qui ont été nommées comme étant de l’espèce « merdarius », une erreur s’est glissée dans le neurone du commentateur. Il y a bien une insecte nommé Margarinotus merdarius, mais c’est un petit coléoptère spécialisé dans les bouses et autres lieux riches en larves d’asticots. La mouche à merde (c’est bien son nom français) se nomme Scatophaga stercoraria, plus poétique mais qui signifie la même chose... Amis de la poésie, bonjour !
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Scatophaga stercoraria ... |
La boucle des chemins empruntés pour terminer le circuit côtoie de vieux talus dont les souches ancestrales porteuses de cépées encore bien vivantes donnent de l’espoir : paradoxalement, il faut maintenir la pression d’entretien, coupes et tailles répétées, pour que les arbres et les haies du bocage survivent. Cette règle devrait être appliquée en urgence à quelques arbres têtards du plan d’eau, les tire sèves âgés plaidant pour une taille d'émonde des chênes en particulier.
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Traitement à l'herbicide le long du bief ... |
Liste des 36 espèces observées ce matin :
la bergeronnette des ruisseaux
la corneille noire
le canard colvert
le tarin des aulnes
le goéland argenté
le grimpereau des jardins
le grand cormoran
la mouette rieuse
le choucas des tours
la mésange nonnette
2 martins pêcheurs
le foulque macroule
la grive draine
le rouge-gorge
le pinson des arbres
le pipit farlouse (au début et en cours de visite)
le pic épeiche
le troglodyte mignon
le pouillot véloce
l'épervier d'Europe, en chasse tout près de nous
le verdier d'Europe
l'accenteur mouchet le merle noir
la mésange bleue
le moineau domestique
l'étourneau sansonnet
le chardonneret élégant
la grive mauvis (une quarantaine)
la pigeon ramier
le pic vert
la mésange à longue queue
la grive musicienne
le corbeau freux
la pie bavarde
la mésange noire
la mésange charbonnière
Texte : Jean Collette
Liste Sébastien Crase
Photos Jean Collette et Thierry Grandguillot
Prochaine sortie :
Dimanche 17 décembre, les herbus de Vains.
RDV à 9h30 au parking de l'église de Vains
ou covoiturage à 9h15 au jardin des plantes d'Avranches
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