Vernix, la vallée de la Sée remembrée
Sortie du dimanche 15 décembre
Les hivernants en vallée de la Sée
La vingtaine de participants se retrouve au bourg de Vernix pour ensuite se garer de l'autre côté de la vallée. Avec les pluies importantes survenues depuis plus d'un mois, les prairies sont en bonne partie inondées. Les mouettes rieuses les fréquentent, les goélands argentés, le grands cormorans les survolent. Nous y voyons, en bordure de l'eau, les étourneaux sansonnets, les pipits farlouses et spioncelles, le merle noir, la poule d'eau, la bergeronnette de Yarrell. Tous y trouvent facilement les invertébrés qui remontent dans le sol, chassés par la montée des eaux.étourneaux sansonnets |
Dans les zones habitées, les vergers permettent de voir le moineau domestique, la tourterelle turque très liés à l'habitat humain. Les ouvertures d'un vieux bâtiment portent des traces de fiente : une chouette effraie habite ici ! Ses pelotes de réjection ont été étudiées il y a quelques années, vous en trouverez une analyse plus bas. Le grimpereau des jardins se laisse longuement observer. La fauvette à tête noire fréquente les pommiers envahis de gui : les baies qui mûrissent maintenant permettent à quelques individus de rester en hiver chez nous.
grive litorne |
grive mauvis |
bergeronnette des ruisseaux |
pic épeiche |
Comprendre le paysage
Le lit majeur en partie inondé |
Dimanche, nous avons seulement circulé sur une petite route communale au cœur de la vallée, d’abord dans le lit majeur (la partie plate inondable de la vallée), puis sur le rebord du relief en limite de la zone inondable. Le paysage actuel est bien différent de celui qui a disparu en 1983 lors du remembrement. Impossible d’imaginer les prairies riches en jonc et en baldingère. Seuls subsistent des tronçons des anciennes haies boisées doublées de leur fossé. Les fossés profonds et rectilignes creusés par les pelleteuses lors du remembrement ont servi a drainer les prairies actuelles où le jonc est devenu plus rare. Le paysage est maintenant très ouvert. Seuls subsistent des arbres isolés témoins de l’ancien parcellaire. Certains fossés ont été depuis colonisés par les saules et les ronciers, habitat favori du traquet pâtre.
une ancienne haie |
Quand le relief des pentes en limite est très marqué, la prairie laisse la place au bosquet de merisiers plantés il y a plusieurs dizaines d’années (et aussi de peupliers exploités il y a deux ans). Il abrite une petite corbeautière de freux. Plus loin, les ronciers commencent à coloniser la prairie non exploitée : les bovins ont laissé la place au fauchage, là où le relief le permet. L’exemple est typique d’une évolution à venir des espaces agricoles : pour commencer, toutes les parcelles non mécanisables seront abandonnées. Pour quel futur ? Les naturalistes n’ont pas peur du mot « friche », la nature sait toujours bien se réinstaller sur des espaces laissés « en libre évolution ». La biodiversité a tellement reculé partout dans les espaces maitrisés par l’activité humaine qu’un peu de liberté n’est pas de trop… Si ces terres ne produisent pas de lait à l’avenir, elles produiront une eau de qualité qui sera une autre production indispensable à nos successeurs. Le pompage prévu directement dans la Sée à Tirepied aura bien besoin de cette eau…
pipit farlouse |
Le reste du parcours est plus classique : fermes et haies d’ornement, vergers reliques, stabulation, parcelles labourées, chemin creux abandonné (et rescapé du réaménagement foncier qui était en général tragique pour le réseau des chemins comblés au bulldozer !) Il y aurait beaucoup à dire sur ces autres éléments du paysage, y compris positivement : c’est là que le moineau domestique et la chouette effraie sont installés…
pipits spioncelles |
Résultats de l’analyse de pelotes de réjection de Chouette effraie des « Vaux de Sée »/Vernix/50
récoltées par Jean Collette le 20/03/2013 dans la grange d’une fermeMatériel biologique : 237 pelotes entières, morceaux de pelotes et crânes isolés
entrée dans le logis de la chouette |
La richesse de l’environnement est également illustrée par la diversité des proies annexes, au premier rang desquelles reviennent régulièrement la Musaraigne pygmée, le Campagnol roussâtre et le Rat des moissons. La présence de 5 restes de Musaraigne (Crossope) aquatique et d’1 individu de Campagnol amphibie indique que l’effraie exploite, au moins occasionnellement, les bords de la Sée ou de ses petits cours d’eau annexes (ruisseau de l’Etang par exemple), voire les chenaux des prairies humides. L’identification de restes crâniens, chaque fois d’un seul individu, de Belette, de Pipistrelle commune et de Pipistrelle de Kuhl, a encore ajouté au grand intérêt de ce lot qui globalement a permis de mettre en évidence la présence de 17 espèces de micromammifères dans ce secteur du sud Manche, ce qui constitue pratiquement un record.
Compte tenu de la nature bocagère du paysage et de la taille du lot de pelotes, on peut s’étonner de n’y avoir trouvé aucun reste de Muscardin, alors que nombre de lots de moindre importance ou l’examen de noisette rongées ont permis de révéler la présence de cette espèce dans d’autres parties de la Manche, y compris au sud mais sur la frange est. Cette absence serait-elle fortuite, le Muscardin restant toujours une proie occasionnelle de l’Effraie, ou réelle dans ce secteur ? La question ainsi soulevée mérite des investigations par d’autres voies, notamment l’indice noisettes.
Outre l’importante diversité spécifique, une autre originalité de ce lot, très imparfaitement rendue par le bilan global, réside dans la variété constatée au sein même des pelotes. Ainsi, dans une majorité d’entre elles, figurent autant ou presqu’autant d’espèces que d’unités de proies. Cette particularité ne peut que refléter l’imbrication étroite des divers biotopes constituant le territoire de chasse de l’Effraie gîtant aux « Vaux de Sée ».
Ni les restes d’oiseaux, ni ceux d’amphibiens n’ont fait l’objet d’une identification à l’espèce. Les insectes trouvés dans les pelotes étaient 2 individus de Grande sauterelle verte, 1 grand longicorne et 1 autre gros coléoptère.
Merci beaucoup pour la récolte et la transmission de ce lot !
François Leboulenger
Liste des oiseaux observés :
la corneille noirel'étourneau sansonnet
la buse variable
la mouette rieuse
la tarier pâtre (mâle et femelle)
héron cendré |
le pipit farlouse
le rougegeorge familier
la grive litorne
la tourterelle turque
le moineau domestique
le choucas des tours
la bergeronnette des ruisseaux
le geai des chênes
la grive mauvis
Le corbeau freux
le pinson des arbres
la pie bavarde
le héron cendré
le pic épeiche
le goéland argenté
la mésange charbonnière
la bergeronnette de Yarrell
la bergeronnette grise
le merle noir
la poule d'eau
le troglodyte mignon
la mésange bleue
le faucon crécerelle
le pipit spioncelle
la fauvette à tête noire
le grimpereau des jardins
la grive musicienne
la mésange à longue queue
le chardonneret élégant
le roitelet huppé
le grand cormoran
Donc 36 espèces, tout de même !
Textes : Jean Collette, François Leboulenger (l'analyse des pelotes de réjection), Thierry Grandguillot
Liste : Sébastien Crase
Photos : Pascal Dadu, Robert Chevalier, Thierry Grandguillot (ça en fait beaucoup, hein !)
nid de pigeon ramier ou de tourterelle turque |
la corbeautière : des nids ont résisté aux premières tempêtes de l'hiver |
2 corbeaux freux |
tourterelle turque |
roitelet huppé |
chardonneret élégant |
mésange à longue queue |
déjà montrée plus haut !! |
moineau domestique |
étourneau sansonnet |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire