Curieux de nature
(CIVAM)
Quelques notes après
la visite du 2 juin 2013
à Moulines (10h15-12h)
Le stand
du GONm tenu par Sébastien Crase,
François
Le Goff, Evelyne Bouhallier
et Claude
Legras (absent sur la photo).
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La première visite, le matin, a rassemblé 11 participants. Le chemin boisé puis le
sous-bois offrent des habitats parfaits pour les espèces du bocage :
elles ont en commun d’utiliser les arbres et buissons soit pour
chasser, soit pour chanter, soit pour y cacher leur nid. Chaque
espèce a ses exigences : chanter haut (par exemple le pinson
des arbres, le pouillot véloce que nous avons repérés),
nicher bas (le pouillot véloce qui alerte pour « faire taire »
sa nichée fraichement sortie du nid derrière le talus) ou haut (le
nid de corneille noire). Un même endroit est utilisé
différemment : la fauvette à tête noire chante et
chasse plutôt dans la couche éclairée des feuilles hautes de la
lisère ; inversement, le merle noir et le rouge-gorge
familier sont de vrais oiseaux de l’humus et chassent au sol
dans la couche de feuilles mortes. Enfin, les chasseurs aériens tels
que le martinet noir ne se posent jamais à terre.
La grande richesse d’un
bocage, ce sont ses haies et la qualité de leur boisement ; en
particulier, l’âge des arbres est un détail capital pour
expliquer la présence de certaines espèces qui sont liées au bois
mort, que ce soit celui des branches mortes ou celui du cœur du
tronc dans les cas les plus âgés. Des oiseaux spécialisés y
chassent les larves et insectes qui ont besoin du bois mort pour se
développer. Les nombreuses cavités creusées par le pic épeiche
sont typiques. Certaines de ces « loges » servent à sa
reproduction, les jeunes sont élevés dans ces cavités. Sur des
souches âgées, « pourries », les pics creusent et
arrachent des copeaux pour accéder aux proies du bois mort. Dans le
chemin, le pic noir (un nouveau venu en Normandie depuis les
années 1970) a arraché de gros copeaux à un vieux tronc. Nous
avons aussi entendu le pic vert crier en lisière : cet
amateur de fourmis n’est pas vraiment un pic forestier. Il est
maintenant plus commun sur les pelouses de faubourgs qu’en bocage
où la disparition des talus détruit aussi les fourmilières.
Les points
d'écoute
(cliquer
pour agrandir)
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La saison est
remarquable, beaucoup d’espèces sont occupées par la
reproduction. Les chanteurs marquent leur territoire (seuls les mâles
chantent) : les postes de chant souvent élevés sont en fait
des « bornes » délimitant le territoire du couple,
espace défendu contre les autres mâles de l’espèce. Certains ont
des jeunes ou des nids occupés. Le rouge-gorge pousse un cri
aigu qui avertit les jeunes au nid et les « paralyse »,
limitant ainsi les risques de découverte par les prédateurs.
D’autres chanteurs sont notés : le bruant zizi, la
grive musicienne (qui répète plusieurs fois le même motif),
la mésange bleue, la grive draine... En vol, la buse
variable et le geai des chênes restent silencieux.
Quelques autres
observations : empreintes du blaireau, noisette fendue de
l’écureuil, empreinte du lièvre, empreintes du ragondin au
ruisseau. Excrément de Mustélidé (genre fouine) sur le chemin,
caractéristique d’un mangeur de fruits du lierre vu la grande
quantité de graines.
J
Collette/GONm
Moulines, Curieux de
nature (CIVAM - 2 juin 2013)
CR de la visite
« oiseaux » de l’après-midi axée sur la ferme
Nous étions 15 à la sortie de l'après-midi. Comme vous avez pu le
constater, les oiseaux sont peu actifs l’après midi ou plus
exactement, il y a beaucoup moins de chanteurs. Du coup, nous n’avons
pas seulement parlé des oiseaux...
Sur la route, les bermes
fleuries sont l’occasion de rappeler que les sols agricoles
actuels, trop riches, favorisent les graminées souvent dominantes,
au détriment des « plantes à fleurs » (les
Dicotylédones pour les botanistes - mais les graminées ont aussi
des fleurs, non colorées -) L’observation des graminées devenant
brusquement majoritaires à la sortie d’un champ montre comment la
seule exportation à partir du champ
Dans le verger haute tige
(Photo Hervé Pichon)
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Ce jour, la fleur la plus
répandue sur la berme est la génotte, petite fleur blanche de la
famille des carottes, la « noisette de terre » des
anciens. Sur le talus, autour des très vieilles souches, le genêt
apparaît sur une clairière (il est à sa place, nous rappelant le
contexte des landes des taillis si communes encore au 19 e siècle).
Un pied de « palme » (le laurier cerisier des parcs et
jardins), échappé ici, illustre bien la question maintenant
évidente des êtres vivants introduits et devenant parfois si
envahissants (les plantes invasives, mais aussi les animaux, le
ragondin par exemple ; une autre forme de la mondialisation...)
Sur la petite route,
quelques oiseaux se manifestent : deux pinsons des arbres
se répondent ; ce sont deux mâles (seuls les mâles chantent)
posés sur des arbres élevés de leur territoire servant de
« bornes » aux limites du territoire qu’ils défendent
contre leurs voisins de la même espèce. Ce comportement
territorial n’existe plus quand la saison de reproduction est
terminée. Il permet de compter les mâles de chaque espèce et de
calculer approximativement le nombre de couples nicheurs d’une
espèce pour une surface donnée.
Si le pinson des arbres
est une espèce typique du bocage boisé, le bruant jaune
(malheureusement il s’est contenté de pousser des cris d’alerte)
est ici plutôt le signe de la dégradation du maillage bocager. Le
matin, pour 10 points d’écoute espacés sur le territoire de la
commune de Moulines à partir de 5h50, 6 chanteurs sont notés, ce
qui illustre bien le caractère de mutation du bocage actuel. Ce
bruant est initialement un oiseau des landes et des paysages ouverts
à buissons bas et discontinus, pauvres en arbres. Le territoire de
celui qui nous a tourné autour (en fonction des perchoirs bornes de
son territoire) est marqué par les barbelés de la route, des
ronciers épars et des haies discontinues.
La prairie
ray-grass/trèfle est, au moment où nous la traversons, peu
attractive pour la faune sauvage (le trèfle n’est pas fleuri). Le
contact entre les deux parcelles forme un corridor de plantes à
fleurs original. Cet espace moins soumis aux pratiques culturales a
conservé en partie un aspect de « prairie maigre à
l’ancienne »
Deux haies successives
sont intéressantes pour leurs qualités respectives : le
tronçon de jeune haie d’une quinzaine d’années comparé au
suivant, vieux talus boisé, rappelle que le facteur temps est
capital dans l’analyse de la « nature ». Il faudra
encore quelques décennies pour que la jeune plantation rivalise avec
sa voisine, en particulier pour toute la faune qui a besoin du vieux
bois pour habiter la haie. Cependant la jeune haie est déjà au
stade arbustif qui plait à certaines espèces moins regardantes, le
pinson par exemple. Outre le vieux bois, la caractéristique
remarquable d’une vieille haie, c’est sa richesse en essences,
c’est à dire que si la jeune haie comprend 6 ou 10 essences
(toutes plantées) au maximum, quelques plantes supplémentaires sont
présentes dans la vieille haie : ici, le prunellier, le fusain
d’Europe, le lierre, etc. Ces plantes ajoutées offrent des
possibilités d’installation supplémentaires pour les oiseaux :
sites de nid, mais surtout des fruits sauvages recherchés selon les
saisons. Il est à noter que la plupart de ces essences
supplémentaires sont semées par les oiseaux qui dispersent les
graines contenues leurs excréments.
Deux merles noirs
se nourrissent à terre : cet oiseau initialement originaire des
forêts a conservé sa technique de chasse dans les feuilles de la
litière pour chercher ses proies sur la prairie pâturée (un vieux
gazon a le même attrait en ville.)
Le
nid de mésange bleue dans une cavité de pommier:
le
couple nourrit (à grande vitesse!)
en
permanence malgré notre présence
sous
le pommier. (Photo Hervé Pichon)
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Le gobemouche gris
chante perché sur l’antenne. C’est un migrateur de retour tardif
en Normandie vu son régime alimentaire : uniquement des
insectes volants capturés en vol, d’où son nom ! L’image
la plus traditionnelle de chasse de cet oiseau, c’est de le voir
perché sur les basses branches des pommiers (haute tige) un peu
sèches après le broutage « égalisateur » par les
bovins. Depuis ces perchoirs, il capture les insectes qui volent sous
les pommiers et revient souvent se percher sur les mêmes branches.
L’autre chasseur aérien bien connu que nous avons vu, c’est
l’hirondelle rustique (autrefois hirondelle de cheminée, où
elle collait son nid en entrant par dessus !) Une étude a
montré le lien fort qui unit cet oiseau aux bovins, en particulier à
cause des insectes variés qui accompagnent les vaches dans les
herbages. Par contre, le nid est toujours collé dans les bâtiments
traditionnels, plutôt sombres, jamais dans les stabulations
modernes. (Si vous avez connaissance de tels cas, c’est intéressant
à signaler)
Une dernière observation
remarquable (bien que banale), c’est celle du nid de mésange
bleue installé dans une cavité de branche de pommier : les
deux adultes nourrissent à un rythme soutenu, apportant
essentiellement des chenilles aux poussins que l’on entend piailler
à chaque passage des adultes. Les mésanges sont d’infatigables
prédateurs de chenilles du pommier, ce qui explique que les
producteurs de fruits en verger basse tige installent des nichoirs à
mésanges dans leurs parcelles. Le verger haute tige traditionnel est
un habitat recherché par de nombreux passereaux, en particulier ceux
qui nichent dans des cavités du tronc ou des branches. La mésange
nonnette, le rouge-queue à front blanc, le pic
épeichette sont des oiseaux devenant rares en bocage, et qui
conservent cependant des populations attachées au verger haute tige
là où la production cidricole a maintenu des cahiers des charges de
production attentifs au lien au terroir, y compris la biodiversité.
En buvant du cidre
(normand et si possible de haute tige, et là il faut souvent faire
l’éducation du serveur au restaurant...), nous encourageons nos
producteurs à entretenir durablement leur verger et la vie sauvage
associée.
Jean
Collette/Groupe ornithologique normand/3-06-2013
A visiter : le site du civam de Basse-Normandie : http://civambassenormandie.org/?page_id=10
Le site du Groupe Ornithologique Normand (GONm) : http://www.gonm.org/
A visiter : le site du civam de Basse-Normandie : http://civambassenormandie.org/?page_id=10
Le site du Groupe Ornithologique Normand (GONm) : http://www.gonm.org/
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