Visite d'un refuge de nature
Lecture de paysage avec Carl |
La visite du refuge de nature (en convention avec le Groupe Ornithologique Normand) nous a permis de comprendre les divers aménagements que Carl et sa compagne installent progressivement depuis 2007.
Les 17 participants ont arpenté les 3 hectares du refuge qui comprend plusieurs zones différentes : le verger, les pâtures, la zone boisée, les haies bocagères, la zone humide et la prairie de fauche tardive. Carl est intarissable sur le sujet, et grâce à lui nous comprenons le cheminement des réflexions qui aboutissent aux décisions de gestion.
Le verger pâturé |
Rougegorge |
Buse |
Les pâtures dont les clôtures sont l'objet de soins fréquents permettent de changer de place le petit troupeau pour réduire les risques de parasitisme intestinal et pour gérer l'herbe avec précision. Nous avons vu la buse, elle vient souvent y chasser. Aujourd'hui, l'alouette lulu en migration, les grives mauvis les survolent.
Notre groupe, dans la jeune bande boisée |
Nichoir à faucon |
Les haies bocagères, autour du terrain, ne subissent qu'une taille par an. Le bouc aux splendides cornes (race "chèvre des fossés") est parfois utilisé pour les contenir, mais son travail n'est pas sélectif ! La haie abrite le discret bouvreuil que nous n'avons pas vu, les pouillots véloces (quelques chants), les pinsons, les merles noirs, le verdier, la mésange bleue et la mésange charbonnière.
Dans la zone humide, on protège contre le chevreuil |
Nous terminons notre visite par la prairie de fauche tardive, dans laquelle les achillées fleurissent encore. Cette zone n'est entretenue qu'une fois par an, en été, ce qui permet à une flore variée de se développer : plantain, achillée, petite oseille ... Mais le développement des fougères aigles et des chardons pose problème, Carl envisage une rotation de cette zone. Les insectes, dont des papillons, y sont nombreux aux beaux jours.
Si le principal objectif de notre visite était de comprendre les aménagements améliorant la biodiversité, nous avons aussi rencontré des oiseaux. En plus de ceux déjà cités, nous avons vu la corneille, l'étourneau, le troglodyte qui niche tous les ans sous la table du jardin, le pic épeiche, le pipit farlouse en migration, la pie, le moineau domestique, le verdier, la grive musicienne, l'accenteur, le geai, le corbeau freux et le pigeon ramier. Soit 23 espèces.
Thierry Grandguillot
Depuis 2008, le refuge est suivi très régulièrement par Jean Collette, voici un aperçu de ce qui est observé :
Liste des espèces :
(agrandir pour mieux lire ...) |
La liste des 76
espèces notées au moins une fois comprend à la fois des oiseaux
vus ou entendus uniquement en vol ou sur les parcelles extérieures
(23 espèces) et celles qui sont vues ou entendues sur le refuge
lui-même (53 espèces).
Si la durée de chaque
relevé est en moyenne d’une heure, les 65 relevés correspondent à
65 heures, soit environ 8% de la durée diurne potentielle d’activité
des espèces concernées par les relevés : en réalité, on ne
note qu’une petite partie des observations potentielles ; par
exemple certaines espèces ont un rythme d’activité décalé par
rapport au passage, elles peuvent être actives très tôt
(rouge-gorge, merle) ou plus tard. En matinée (les granivores au
sens large). Ainsi, les linottes toujours notées en vol ou à
l’extérieur ont probablement échappé aux décomptes sur site.
La somme des contacts par
espèce donne un indice d’abondance relatif au temps passé.
Il ne faudrait normalement pas comparer les espèces entre elles avec
ce simple calcul qui est faux d’un point de vue scientifique !
Les premières espèces sont cependant celles qui sont actuellement
les plus courantes en bocage normand. Une remarque cependant :
le moineau domestique bien représenté marque ici la présence de
l’homme. Cette espèce très anthropophile est absente du bocage
pur loin des fermes. Le moineau domestique est actuellement en déclin
partout en Europe, en particulier des zones urbaines modernes (voir
le dernier décompte des oiseaux de la vieille ville d’Avranches.)
Quelques espèces sont
notables si l’on se réfère à la liste rouge des espèces
menacées de Normandie : le bouvreuil pivoine, le bruant
jaune, la grive draine (et la linotte mélodieuse dans
l’environnement proche) figurent sur cette liste aussi bien en tant
que nicheurs qu’hivernants. La présence de buissons et pas
seulement d’arbres favorise ces espèces des stades pionniers du
boisement. Le secteur en cours de reboisement est probablement
très attractif. Le vallon boisé et buissonneux en déprise est
particulièrement intéressant : les tarins (sur les aulnes),
les roitelets à triple bandeau sont ici chez eux. L’observation de
la bouscarle de Cetti dans les ronciers fut une surprise, preuve que
les migrateurs circulent aussi dans des secteurs inattendus.
Les goélands et mouettes
circulent fréquemment en vol, utilisant l’axe de la vallée du
Thar, se posant sur les parcelles labourées extérieures. La
parcelle en culture située immédiatement à l’est du refuge est
un cas typique d’habitat recherché par l’alouette lulu en
hivernage (chaumes, pente sud, ligne électrique !)
Jean Collette
Prochain rendez-vous le dimanche 17 novembre au salon bio de Pontorson où nous tiendrons un stand, sortie à 14h30.
Le bouc aux longues cornes ... |
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